HISTOIRE DU POLO | LA NAISSANCE D’UN CLASSIQUE

HISTOIRE DU POLO | LA NAISSANCE D’UN CLASSIQUE

À mi-chemin entre la chemise et le T-shirt, intergénérationnel, unisexe et aujourd’hui décliné dans toutes les couleurs, le polo fait partie des grands classiques de nos garde-robes. Sa coupe élégante et son design épuré confèrent à celui qui le porte une prestance naturelle, très apprécié des aristo BCBG, mais pas seulement. Vêtement chic, longtemps associé à la classe supérieure, venez découvrir ici, la face cachée de l’histoire du polo.

L’HISTOIRE DU POLO : IL ÉTAIT UNE FOIS EN INDE…

L’histoire de la fameuse chemise est intimement liée au sport équestre du même nom. Encore aujourd’hui, le polo est un sport souvent réservé à la haute société, l’aristocratie voire la royauté. Cependant, selon les historiens, le polo serait né en Asie Centrale, il y a plus de 2 500 ans.

Avec l’arrivée des Anglais sur le territoire indien, le sport prend une autre dimension. C’est dans la province de Manipur, au nord-est de l’Inde que les Britanniques y furent initiés. Au XIXe siècle, on voit apparaître un réel engouement pour ce jeu. Des équipes se forment, des tournois sont organisés, c’est le début du polo que l’on connaît aujourd’hui. Joseph Sherer, un lieutenant attaché à l’armée du Bengal, fasciné par cette discipline, décide d’en faire un des sports phares de l’Empire Britannique.

Les joueurs portent une chemise épaisse en coton. Les manches sont longues et pour des raisons pratiques, souvent repliées jusqu’au coude. Mais, cet uniforme, classe et distingué n’est ni confortable ni pratique. De plus, lorsque le cheval part au galop, le col bat la mesure sur le visage des joueurs. Fatigués de se faire frapper par une chemise et gênés dans leur pratique, les poloïstes demandent au tailleur de faire quelque chose. La solution était toute simple, mais il fallait y penser : attacher le col avec un bouton. Et voilà, finit le col qui ballotte !

John Brooks, le petit-fils du fondateur de Brooks Brothers (célèbre marque de vêtements américaine), assistant à un match de Polo à Londres, trouve l’idée géniale et la ramène dans ses valises. En 1896, Brooks Brothers commercialise la première chemise « Button down » ou « polo shirt original » aux États-Unis.

Mais quel est le rapport avec le polo que nous connaissons tous aujourd’hui ? C’est ce que nous allons découvrir maintenant.

JEAN RENÉ LACOSTE : UNE NOUVELLE INTERPRÉTATION DU POLO

Pour cela, il faut faire un bond dans le temps. Mettons de côté le sport équestre, la royauté et la tasse de thé pour aller faire un petit tour en France dans les années 1920. Mais restons toutefois, dans les sports d’élites : le tennis. Ce sport était à l’époque, lui aussi, réservé à l’aristocratie. D’ailleurs, pas question de débarquer sur la terre battue en tongues/chaussettes ! Il fallait porter la raquette avec classe. Un code vestimentaire bien particulier était d’ailleurs imposé pour les joueurs : pantalon en flanelle et chemise en coton à manche longue.

Jean René Lacoste, tennisman prometteur de l’époque, n’en peut plus de transpirer dans sa grosse chemise. Il est le premier à mettre en lumière l’inconfort des tenues imposées. Mais pas question non plus de renoncer totalement à l’élégance et au style. En s’inspirant de la tenue des joueurs de polo londoniens, il crée une chemise à manche courte avec une boutonnière raccourcie et un pan plus long au niveau du dos pour une meilleure tenue dans le pantalon. Mais la véritable innovation réside dans le tissu utilisé ; le coton piqué. Importé de l’étranger, il est plus solide, plus confortable et plus léger que le coton traditionnel. Une chemisette avec un col que l’on peut relever pour éviter les coups de soleil dans la nuque, un tissu plus absorbant et une coupe qui favorise les mouvements, que demander de plus ! Lorsque Jean René débarque sur le terrain lors de l’US Open en 1926, son polo à manches courtes fait l’unanimité. Un an après, doté de son célèbre crocodile, le polo Lacoste, L. 12.12 est commercialisé, suscitant non seulement l’intérêt des joueurs de tennis, mais aussi des joueurs de polo.

 

LA FRENCH TOUCH FAIT DES ÉMULES

La sobriété et l’élégance à la Française séduisent les Anglo-saxons et s’exportent même outre-Atlantique. Le polo n’est plus seulement réservé aux sportifs, mais il devient également un symbole de réussite sociale. Le président des États-Unis, lui-même, Eisenhower à l’époque, ne joue pas une partie de golf sans son polo Lacoste.

Avec un tel succès et une telle popularité, les concurrents ne tardent pas à flairer le bon filon. Fred Perry, pongiste et célèbre tennisman anglais dans les années 30, lance lui aussi sa propre marque de polo. Pas vraiment différent du Lacoste dans la forme, on le distingue toutefois à son logo, une couronne de laurier brodée sur le tissu et surtout grâce à ses bandes de couleurs sur le col et les manches. Il fournira dans un premier temps la majorité des joueurs de tennis britanniques dans les années 1950-1960. Suivant les traces de Lacoste, Fred Perry séduira le président John Fitzgerald Kennedy et bien d’autres célébrités de l’époque. Dans les années 60, le laurier prend un tout autre virage. Le polo n’est plus seulement réservé à l’élite, il est également le symbole d’une génération marginale, un peu rebelle. En effet, il devient l’attribut indispensable du look de certains musiciens comme les Who ou encore les Kinks, les deux précurseurs du mouvement punk. On est alors très loin de l’ambiance bobo de Wimbledon.

Un autre grand nom du polo se fait connaître en parallèle aux États-Unis dans les années 70 : Ralph Lauren. Vendeur de cravates chez Brooks Brothers, ce dernier décide de lancer sa propre marque. Avec Ralph, on est dans le raffinement, l’élégance et la sophistication. Un joueur de polo en action, brodé à même le tissu redonnera ses lettres de noblesse au polo. Autrement dit, Ralph Lauren n’est pas porté par n’importe qui, n’importe comment.

Vous l’aurez compris, aujourd’hui ces trois grandes marques se disputent les parts de marché dans le monde entier. Nous avons tous au moins un polo que l’on aime porter pour se donner un style propre sur soi, élégant et décontracté à la fois. Sa production, à l’origine noble, puisque l’objectif était d’apporter du confort aux sportifs, s’est ternie ces dernières décennies. Son industrialisation est devenue un désastre écologique. Mais restons positifs, l’histoire du polo continue de s’écrire avec des entreprises comme FENYX, qui s’est donné comme mission de produire un Polo 2.0 en accord avec les enjeux écologiques de notre époque. La French touch séduit encore, à nous d’en changer les codes et comme dirait Jean René Lacoste : « L’élégance tient d’abord à une bonne adaptation des vêtements à la situation, aux circonstances. »

Par Sylvie Lim